L’interrogatoire ultime d’un insoumis : un cas particulier d’efficacité argumentative. Etude comparée de « Jeanne et les juges » de Maulnier et du procès d’Ibn Ğubayr.

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المؤلف

Professeur adjoint Faculté des Lettres/ Université de Hélouan

10.21608/jfehls.2024.392972

المستخلص

La finalité de toute argumentation est, grosso modo, de convaincre un interlocuteur ou un auditoire plus ou moins restreint ; or, on peut parfois argumenter pour d’autres raisons, tel est le cas d’une personne révoltée contre l’ordre politique établi qui subit un interrogatoire mené par les représentants du régime corrompu ; cet insurgé, bien conscient de sa mort imminente, ne cesse de se débattre, de contester et de contre-attaquer pendant son questionnement.
Cette étude se propose donc de mettre au point les modalités permettant d’évaluer l’efficacité d’une argumentation en analysant un cas bien spécifique :les interrogatoires ultimes de deux fameux personnages historiques dans les cultures française et arabe : il s’agit, d’une part,  de La Pucelle jugée par ses adversaires après sa défaite, telle que présentée par Maulnier dans sa pièce : « Jeanne et les juges » (1951) et de l’autre, du procès d’Ibn Ğubayr , le grand imam qui s’est révolté contre   Al-Hağağ Ibn Yūsuf ,le gouverneur despotique de l’Irak,  qui est interrogé et jugé par ce tyran lui-même (Nous nous réfèrerons à la version citée par Abī Nuʿaym dans son ouvrage « Ḥilyat Al-Awliyāʾ » (La Parure des Walis)  paru au IVe siècle de l’Hégire). Ces interrogatoires sont bien particuliers pour plus d’une raison : ils dévoilent la vraie image des deux héros- celle qui apparaît pendant les derniers moments de leur vie-. De même, ces interrogatoires sont particulièrement intéressants du point de vue argumentatif ; ils se transforment en deux vraies scènes de combat : d’une part, les juges, qui prennent ouvertement le parti du pouvoir politique, ne cherchent qu’à  proposer à chacun des deux héros un ultimatum : abjurer la cause qu’il (ou elle) défend corps et âme, ou être condamné(e) à mort ; de l’autre part, les deux accusés ne cessent de défendre leurs principes jusqu’au dernier souffle, sans pour autant chercher à convaincre leurs juges inflexibles. Ainsi, à travers l’analyse de l’argumentation des juges, aussi bien que des arguments utilisés par chacun des deux héros , des rapports de forces qu’il (ou elle) entretient avec ses juges, et de l’image que se donne chacune des parties adverses, on pourra mettre en lumière d’autres aspects non encore élucidés d’une argumentation efficace.

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